Lettre ouverte à ceux qui prennent l’Ile Seguin
pour la chèvre du même nom.
« … 0bjet de convoitise, elle (l’île Seguin) devient source de polémiques politiques, financières, électorales, culturelles… Le paquebot est souvent comparé au Titanic. Manque de vision, erreurs de management, politique de l’autruche, excès de confiance, susceptibilités mal placées conduisent le navire à s’échouer sur les rives malsaines de l’oubli et de la honte… »
Je l’ai écrit dans la Valse du singe. L’Ile Seguin serait-elle maudite ? Il suffit !
Tellement de choses à dire et à raconter à son sujet que l’on pourrait en faire un best seller, ou plutôt un best looser. Depuis le temps que l’on se focalise sur elle (il y aussi une ville à gérer de plus de 120 000 habitants), que les politiques sont incapables de s’entendre avec les entrepreneurs (Pinault), que les premiers considèrent les seconds comme des derniers, que l’intérêt général y est tellement généraliste qu’il finit par se privatiser au nom d’ambitions et d’intérêts électoralistes, d'un côté comme de l'autre et vice et versus.
Ah le goût de l’écharpe tricolore qui finit par tellement vous étrangler que l’on en perd le souffle et l’authenticité de la démarche, cependant en amont altruiste et humaniste.
En mars dernier, la démocratie a tranché dans cette improbable côte de bœuf un jour exposée sur notre Île. La messe est dite et maintenant, il faut que l’on sorte de cette scoumoune qui plonge les Boulonnais dans le fatalisme et l’écœurement.
Six années de mandat devant nous ; et encore des recours suspensifs qui paralysent tout projet malgré un plébiscite local. Encore une maladie bien française. Et à terme, une île toujours en friche, qui vit au jour le jour, nourrissant ses coûteuses plantations de pis-allers éphémères…
Non ras le bol. Vraiment, iI suffit. Inconcevable d’abandonner à nouveau l’île à la désertification des idées et à la paupérisation de la Ville. Arrêtons de s’en servir en prétextant des droits qui gomment toute notion de devoir : l’apanage de toute personne responsable. Servons nos convictions, plutôt que d’être asservis à nos ambitions.
La mienne est qu’il faut aller dans le sens de la vocation de l’Ile Seguin telle qu’elle fut tracée en 2008 : une île culturelle rayonnant au delà même de Boulogne-Billancourt.
Alors le R4 dans cette affaire. Décrié comme un coffre-fort de l’art contemporain par ceux qui, en apprentis sorciers ouvrent, la boite de Pandaure ? Au contraire, il pourrait être un coffre-phare de notre ville, bourré de trésors qui feraient notre fierté … Avec un bémol, que la ville s’implique, participe à sa programmation ; qu’elle ne lui donne pas le blanc seing du jemenfoutisme parce qu’elle n’y connaîtrait rien... Le couteau suisse peut avoir un effet de levier mais rien de plus, ce n’est qu’un outil… au service de l’intérêt général.
« Tu verras ce que l’on gagne à vouloir être libre », ainsi Alphonse Daudet prévient-il en préambule le lecteur de la morale à retenir de sa célèbre nouvelle qui narre les aventures tragiques de la pauvre Blanchette, éprise d’indépendance, et d’une envie irrésistible de batifoler jusqu’à en perdre la vie.
Si l’on continue comme ça, pour paraphraser Jean Nouvel, icône statufiée et colosse aux pieds d’argile, ce n’est pas Boulogne que l’on assassinera mais les Boulonnais ! Alors que les chèvres de Monsieur Seguin s’arrêtent enfin de bêler, comme des vierges effarouchées. Se rebeller oui, c’est même là un devoir autant qu’un droit, mais pour construire autre chose que du néant. Cela s’appelle force de proposition et c’est toujours mieux que ce manichéisme douteux que l’on nous sert depuis tant d’années.
Marre de ces polémiques stériles, de cet immobilisme ridicule et affligeant, de ces combats d’arrière-garde qui se veulent l’avant-garde d’une nouvelle lutte fratricide évidemment électorale.
Alors oui au R4 plutôt qu’à une nouvelle ère de rien.
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