Le blog de Pascal Fournier

Signature de Signé Ventura à la librairie Malet

Lino par Clelia

Initiative très sympathique que celle de la librairie Malet à Boulogne-Billancourt qui conviait hier, la fille de Lino Ventura pour une dédicace de son dernier ouvrage consacré à son père : « Signé Ventura ».

Lino Ventura appartient à notre imaginaire collectif et fait partie de ses monstres sacrés du 7ème art que nous avons toujours plaisir à revoir comme s’il n’était jamais parti. Et ce superbe album souvenir nous invite à entrer dans les coulisses des Tontons flingueurs, du Clan des Siciliens, des Grandes Gueules ou de Cadavres exquis.

Anecdotes, documents rares, impressions personnelles nous fixent un rendez-vous unique presque intimiste avec cet éternel ami de la famille des cinéphiles. Entre coups de cœurs et coups de poings, Lino continue d’enchanter nos rêves d’aventures et de polars en noir et blanc…

Quant aux éclats de rire en technicolor, revoir L’aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch, encore un film culte. Relire également Audiard par Audiard qui fait dire à Lino dans Les Barbouzes: « La vérité n’est jamais amusante. Sans cela tout le monde la dirait ». A méditer !

Légende photo (Jean-Marc Philippe) : Autour de Clelia Ventura : l’équipe de la librairie Malet, Marie-Laure Godin, conseiller général et maire de quartier, Pierre-Christophe Baguet, Député-Maire de Boulogne-Billancourt…

Signé Ventura de Clelia Ventura, Ed. Marque-Page, 37,91 euros.

Changer le monde, un guide pour le citoyen du XXIème siècle.

Commençons par changer nous-mêmes.

Quel genre de futur voulez-vous créer ?  Soyons visionnaires tout en gardant les pieds sur terre. Justement la terre… parlons-en ! A l’heure du Grenelle de l’environnement, ce pavé vert tombe à pic dans la mare du développement durable. Introduit par une préface d’Al Gore, ce guide est une « somme de solutions, certaines peu connues mais éprouvées, d’autres innovantes, d’autres encore audacieuses mais plus incertaines. »

Ni polémiste, ni idéologique, cet ouvrage rassemble toutes les analyses, réflexions et idées pour changer et préserver la planète. Interactif, il s’ouvre aussi aux vôtres via son site worldchanging.com qui accueille les internautes du monde entier.

Indispensable pour qui se sent responsable avant d’être coupable, incontournable pour qui a une vision dépassant celle de son pas de porte, cette bible comportementale nous donne les clés sur les grands sujets écologiques actuels... un vrai grand manuel pour humble citoyen du monde.

Certes, il ne se lit pas d’un trait ; cette encyclopédie se fréquente au gré de ses multiples entrées selon des rubriques qui ratissent aussi large que le monde est vaste : les choses, le logement, les villes, la communauté, les affaires, la politique, la planète. Tout y est !

En bref un « pense pas bête » qui mérite une bonne place sur votre table de chevet (éclairée par une ampoule basse tension). C’est toujours mieux que de rester au chevet du monde dans le noir, en attendant que les feux rouges de nos excès passent enfin au feu vert de l’espérance...

Changer le monde, un guide pour le citoyen du XXIème siècle. Ouvrage collectif dirigé par Alex Steffen. Editions de la Martinière.

Le meilleur de l’absurde : jubilatoire !

Le non sens aurait-il un sens ?

Voilà une question qui cultive le paradoxe et à laquelle cette petite anthologie répond à l’aide de citations toutes plus savoureuses les unes que les autres.

Leurs auteurs, des hommes d’esprit, qui à défaut de perdre le leur, jouent avec brio la carte de la contradiction en opposant des concepts et des mots, défiant ici la logique, suggérant là une esquisse de vérité.

Comme l’affirme Sébastien Bailly, le compilateur de ces morceaux de bravoure philosophico-humoristiques, « de citation en citation, les failles du monde qui nous entoure se font jour. Tout n’est pas lisse et ordonné… Ces auteurs ont le mérite de nous mettre les yeux en face des trous, sans s’appesantir ».

De La Bruyère à Philippe Geluck,  on plonge avec délectation dans ce miroir de la pensée qui nous invite autant à (nous) réfléchir qu’à rire. Comme dirait Gustave Flaubert : « ce qui n’a pas de sens a un sens supérieur à ce qui en a.» CQFD !

Je fais donc mienne cette citation de Gabriel de Lautrec : «  je vous recommande ce livre, vous pouvez le lire les yeux fermés ! »

Le meilleur de l’absurde, Sébastien Bailly. Ed. Mille et une nuits.

Les socialistes au fond de « l’impasse ».

Nouveau « régicide » pour Royal

C’est au tour de Lionel Jospin de se lancer dans la curée littéraire dont Ségolène Royal est la femme traquée depuis quelques mois. Morceaux choisis : « Une candidate la moins capable de gagner… Une illusion… Des insuffisances réelles… Une personnalité qui n’a pas les capacités humaines ni politiques pour faire gagner le P.S… Avoir commis une erreur (en la désignant) ne justifie pas qu’on la réitère »… 

Bigre, l’ancien Premier ministre ne fait pas dans la dentelle… Est-ce ainsi qu’il souhaite reconquérir un rôle de premier plan ? L’aigreur justifie t’elle que l’on fasse ainsi passer la rancœur avant le sens des responsabilités dont le poulain de Mitterrand ne cessa de se prévaloir quand il était aux affaires ? La reconstruction du PS est-elle à ce prix ?

L’opposition devient donc symbole de décomposition. La démocratie mérite bien que le phoenix renaisse de ses cendres… la contradiction est par essence constructive.

Entre l’éthique et le pathétique, le cœur des socialistes « balance » au premier et au second degré. On imagine sans peine la tristesse de leurs militants et sympathisants…  Mais ne compatissons pas pour autant. Si au demeurant nous les respectons, nous n’avons pour autant envie de chanter la vie en rose… Les municipales approchent et nous ne nous plaindrons donc pas que certains continuent de scier la branche sur laquelle ils sont assis !

L'impasse, Lionel Jospin. Flammarion.

Bibliothèque rose : Ségolène Royal n’est plus à un essai près.

Ségoismes et « Royal » canins

Notre petit monde va bientôt rentrer dans sa période ovale et la quête de l’essai va bientôt enflammer nos stades d’une belle ferveur bleue. Dans la série tout essai mérité d’être transformé, évoquons ici ces essais politiques qui décryptent et dissèquent l’échec de Ségolène Royal.

La meute s’est lâchée, comme si de cette mêlée rose, personne ne devait sortir indemne, à commencer par le ballon lui-même, métaphore d’une rose qui se pique au jeu de ses propres épines. Les titres parlent d’eux-mêmes. Après les « coulisses d’une défaite » de Christian Courcol et Thierry Mazure et « la femme fatale » de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, parus au début de l’été et dont les auteurs sont journalistes ; place en septembre à quelques éminences du PS : « la défaite en chantant » de Claude Allègre, « au revoir Royal » de Marie-Noëlle Lienemann, « en quête de la gauche » de Jean-Luc Ménanchon, « désert d’avenir ? » de Guillaume Bachelay… Ségolène Royal elle-même nous promet également pour octobre « une étrange défaite »… cela promet !

Qui aura le temps de lire tout ça ? les militants socialistes, les étudiants de Science Po, les pros du benchmark politique ? Devant cet étalage, on se dit qu’une compile aurait largement suffi… plutôt que de sacrifier autant de papier sur l’autel de la vanité et de la rédemption.

Dérisoire bibliothèque rose que celle-ci qui résume le PS à un Post Scriptum stigmatisant une direction qui ne sait plus quel cap prendre : vers des roses bobos, des oranges trop pressés, des rouges bien sanguins, des verts dénaturés… et avec quel équipage ?

Il paraît que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, là ce sont les perdants qui nous racontent des histoires... Quand l’art de pilonner mène droit ou plutôt gauchement au pilon... électoral encore. Tant mieux pour nos idées !

P.S. (!) : n'oublions pas également "qui connait madame Royal" d'Eric Besson. 

Rentrée littéraire : mi figue, mi Reza

Quand la politique devient littérature.

Près de 750 livres attendus pour cette rentrée littéraire... et l'on ne semble parler que d'un seul : "l'aube le soir ou la nuit". Son auteur : Yasmina Reza, la dramaturge bien connue; son héros : Nicolas Sakozy que l'écrivain a accompagné tout au long de sa campagne électorale. "Même si vous me massacrez, j'en sortirai grandi" aurait alors dit le futur Président de la république. La publicité sur ce livre ainsi que le buzz savamment orchestré avant sa parution ne le démentiront pas.
Ni journal de campagne, ni pamphlet, ce livre se veut avant tout littéraire mettant en scène -et Yasmina Reza s'y connait- la quête et la conquête d'un homme de manière aussi simple que fluide, décrivant l'homme dans les moindres détails et manies, prétexte aussi à l'évocation de thèmes aussi universels que l'amour, l'ambition, le pouvoir. Nicolas Sakozy, un sujet porteur dans tous les sens du terme et l'éditeur ne s'y est pas trompé : 100 000 exemplaires en premier tirage et déjà une présence remarquée dans la course aux prix littéraires. Une chose est sure et c'est une lapalissade, notre Président n'a pas fini de faire parler de lui ! En bien ou en mal, à chacun son idée et ses préférences. Héros ou antihéros, peu importe... du moment qu'il fait bouger la France dans le bon sens... tout le reste n'est que littérature !

L'aube le soir ou la nuit. Yasmina Reza. Flammarion

Damien Le Guay, L'empire de la Télé-réalité

Philosophons sur l'empire du pire

Déjeuner cette semaine avec le philosophe Damien Le Guay,  éditorialiste au Figaro Magazine, chroniqueur littéraire et essayiste. Voyage entre Boulonnais dans le monde des idées cher à Platon en passant de l'autre côté du faux miroir de cette télé-réalité que Damien Le Guay décrypte dans son dernier livre : "L'empire de la Télé-réalité."

Saviez-vous que nos enfants passent plus de temps à regarder la télévision qu'à l'école ? Tout un programme dans tous les sens du terme pour cet aquarium, miroir aux alouettes et aux illusions, devenu contexte sociologique aidant, un membre de la famille à part entière, voire même le chef de famille distillant pernicieusement sa vision des choses et une contre morale dont la télé-réalité est l'archétype. Prenons l'exemple de l'Ile de la Tentation. Un "jeu" où l'on gagne en trompant l'autre. Même si l'on peut douter de l'authenticité des couples candidats, le résultat est le même : un pathétique spectacle dont la morale consiste justement à ne pas en avoir. Pour quels effets, sur des spectateurs de tous âges qui non seulement versent dans un voyeurisme pervers mais également voient les pulsions des "héros" se transformer en vertus gagnantes. Dans le même registre, les gagnants de "Loft Story" ou autres "Colocataires"  ne doivent leur succès qu'à des comportements fondés sur le cabotinage, le narcissisme, la provocation, l'insolence et l'égocentrisme... Voilà les non talents qui permettent aujourd'hui de "trépasser" à la télé en direct live et dans lesquels risquent de s'identifier les jeunes générations. Belle aide à la cohésion sociale, jolie image d'une réussite dans laquelle grâce à rien, on peut tout devenir... une star aussi éphémère qu'un mouchoir en papier. Mais cela, on ne nous le montrera pas. Trop facile et mercantile de sacraliser des anonymes qui auront droit au fameux quart d'heure de célébrité annoncé par Warhol, plus difficile de stigmatiser la gueule de bois qui les attend au réveil... dans la vraie réalité.

"Le philosophe doit être la mauvaise conscience de son temps, c'est pourquoi il lui faut connaitre son temps". Cette citation de Nietzsche, tirée du "Crépuscule des idoles", introduit le livre de Damien Le Guay. C'est en spectateur averti qu'il s'impose encore de subir cette télé-réalité.

L'empire de La Télé-réalité nous invite à une prise de conscience et de position. Changeons de chaine avant que celle-ci étouffe nos enfants en construction dans les maillons de rêves chimériques et dans des comportements indignes de tout "honnête homme".

L'empire de la Télé-réalité, par Damien Le Guay, Presses de la Renaissance.
Autres ouvrages de l'auteur : La face cachées d'Halloween, Qu'avons-nous perdu en perdant la mort ? (éditions du Cerf).

Votez fou !

Anthologie des politiquement dingues et évidemment incorrects

Candidats bizarres, utopistes, chimériques, mystiques, marginaux, farceurs et farfelus, de 1848 à aujourd’hui, Bruno Fuligni réunit dans cette anthologie tous les originaux qui se sont prêtés au jeu du suffrage universel. C’est avec délectation que l’on plonge dans ce folklore électoral peuplé d’illuminés de tous genres qui nous éclairent un peu sur notre histoire. Du clown « Prométout » (1925) dont le projet se résumait à son nom, à la liste du chien Saucisse qui, lors des élections municipales à Marseille en 2001, appelait à une « sauciété » plus humaine contre une vie de chien, on finit par se demander si l’homme est fou de politique ou si c’est la politique qui rend fou. Hélas Coluche n’est plus là pour nous répondre.
Quelques mesures préconisées par ces candidats à l’improbable et à l’impossible :
-    la mise en commun des instruments de reproduction (Chonoc, 1910),
-    la suppression des mois de décembre, janvier et février. Jamais d’hiver ! (Jules Depaquit, 1920),
-    L’abrogation des lois de la pesanteur préjudiciables aux buveurs. (Duconnaud, 1928),
-    La construction d’une gare maritime à la station Saint-Michel pour permettre aux étudiants d’aller taper plus vite leur oncle d’Amérique. (Ferdinand Lop, 1932),
-    La cotation en bourse des valeurs morales. (Aiguigui Mouna, 1968).

Adeptes du parti d’en rire, ce livre est fait pour vous. A dévorer dans votre phalanstère estival en méditant sur cette citation de Zo d’Axa* qui introduit l’ouvrage : l’électeur n’est qu’un candidat raté !

Votez fou ! de Bruno Fuligni. Ed. Horay.

* Pour ceux qui ne savaient pas (dont moi !), Zo d’Axa, de son vrai nom Alphonse Gallaud de La Pérouse, fut au XIXème siècle un célèbre journaliste pamphlétaire libertaire.

L’erreur est humaine, Woody Allen

Rire de tout et surtout de nous-mêmes

Le rire est le propre de l’homme s’exclamait Gargantua. Et en matière de rire, Woody Allen revisite le quotidien comme personne, au sens propre comme au sens figuré. Au non sens devrais-je dire, car le maître de l’absurde excelle dans l’art de la dérision et du décalage né d’un fatalisme existentiel désespérément drôle : "qui suis-je, d'où viens-je, où vais-je ? Je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne..." répondait Pierre Dac. Ainsi Woody Allen « se pose toutes les questions possibles sur toutes nos réponses ». Son dernier recueil de nouvelles, « L’erreur est humaine »  vous invite à un voyage jubilatoire et introspectif au pays du rire. Un rire à la fois salvateur et interrogateur sur la condition humaine. D’entonnoirs en engrenages diaboliques, vous y découvrirez comment un petit événement de rien du tout peut conduire au néant total. Inénarrable, le déclin inéluctable d’un chef d’entreprise reconnu provoqué par le refus d’admission de son fils dans une école maternelle. « Des erreurs, j'en ai fait. D'abord, je suis né. Première erreur ! » écrit l’auteur. Si Woody Allen n’avait pas existé, il aurait fallu qu’il s’invente. Heureusement pour nos zygomatiques éclairés, nous pouvons le rencontrer dans ces nouvelles à dévorer de toute urgence… tout comme la vie.

Relire également « Destins tordus » de notre New-Yorkais préféré, un ouvrage culte et totalement azimuté.

L’erreur est humaine de Woody Allen, éd. Flammarion.
Du même auteur : Destins tordus, collection pavillons poche – éd. Robert Laffont.

Loi de l'emm... maximum.

Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre ?

Nous tombons parfois sur des livres dont on se demande s’ils ont vraiment une raison d’être littéraire et en quoi ils contribuent à l’évolution de la pensée universelle.
Près de 300 pages sur la loi de Murphy ou loi de l’emmerdement maximum, il fallait les écrire… aussi les lire ! Et pourtant, c’est scientifique, drôle, anglais. L’auteur Richard Robinson (conférencier professionnel international) décortique avec maestria les dessous de cette loi implacable et universelle, disséquant toutes les situations (souvent hilarantes) où elle impose son diktat et des décrets d’applications sans appel.
Quelques exemples :
- Une assiette chaude ressemble à s’y méprendre à une assiette froide.
- Le miroir de la salle de bains s’embue au moment précis où vous en avez besoin.
- Vous choisissez toujours la mauvaise queue pour payer, passer ou rouler.
- Quand vous avez les mains prises, votre nez commence à gratter.
- Vous vous réveillez deux minutes avant que le réveil ne sonne.
- Quoi qu’on aime, c’est illégal, immoral ou ça fait grossir.
- Vous vous souvenez du visage mais pas du nom.
- Vous vous prélassez dans votre bain… coup de fil.
- C’est quand vous voulez être le plus silencieux possible que le parquet grince le plus fort.

Ne sombrons pas dans le fatalisme, les lois de Murphy devraient nous rappeler combien tout va bien le reste du temps, quand elles n’agissent pas. Comme le conclut l’auteur, en les regardant de manière positive, elle pourraient nous aider à comprendre la manière dont nous vivons. C’est l’histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine… soyons positifs ! Je vous laisse, il y a un emmerdeur qui sonne à la porte…

Postez sur ce blog vos propres exemples vécus de lois de Murphy, je me ferai une joie de les publier…

Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre ? Richard Robinson. Ed. Dunod.