Tournons-vite la page !
L'Equipe Magazine consacrait sa dernière édition au classement des villes les plus sports. Boulogne y figure à la dernière place et gagne dans l'affaire une pleine page qui stigmatise la pauvreté de nos équipements, le déclin de nos performances sportives et le rendez-vous raté du sport boulonnais avec les terrains Renault. En bref, L'Equipe Magazine montre Boulogne du doigt et la coiffe d'un bonnet d'âne, nourrissant son argumentation des témoignages évidemment opposés de nos élus... du même parti !
Il n'empêche, je m'interroge sur le côté partisan de cet article qui semble omettre certaines données positives. Ainsi le TCBB, second club de tennis français (rien que ça !) et première association mono sports de la Ville, ne vaut pas d'être cité. 3 000 membres, 1 500 jeunes en école de tennis, des résultats exemplaires en championnats individuels, un open des 10/12 qui accueille des joueurs venus du monde entier, une équipe première qui brille en championnats de France... Cela ne mérite pas quelques lignes ?
Non ! C'est tellement plus vendeur de ne montrer que ce qui ne va pas.
Objectivement, il est évident qu'il y a beaucoup à faire en matière de sports à Boulogne;
en toute objectivité, il y a aussi des réussites qui sont bien plus stimulantes qu'une constante autoflagellation...
Au fait, à qui profite l'info ou l'intox ? Bonnet d'âne ou bonnet phrygien, à chacun de choisir !
Encore bravo à « L’Equipe » !
La France est aujourd'hui dans la tourmente footballistique et tout ce que je peux faire, comme tout le monde, c’est en parler à mes proches. Et à ma kiné qui m’a demandé ce que j’en pensais.
Or j’ai un avis sur la question et ma pensée s’articule en deux points.
Pour l’instant on ne sait pas avec certitude qui a dit quoi, pourquoi, quand, comment… Alors, par principe, tant que je n’ai pas le dossier complet, je ne condamne personne ; je ne juge pas.
Fut-ce pour dire que tout le monde a sa part de responsabilité, ce qui est la plus lâche des solutions de facilité et que l’on entend beaucoup pourtant ces jours-ci.
Ensuite, j’observe que le quotidien qui a mis en Une la phrase assassine attribuée à Anelka – je ne vais pas répéter ces grossièretés accrocheuses – a vendu beaucoup de papier avec cette mise en page qui est une mise en scène proche du mensonge ou de la manipulation puisque la phrase en question n’a pas été dite dans le contexte que suggère la photo. D’autre part, on a appris que l’un des trois auteurs de l’article avait reçu un jour la main d’Anelka sur la figure… Vengeance dites-vous ? En tout cas, ce sont les mêmes méthodes « journalistiques » qui ont fait gagner beaucoup d’argent aux tabloïds anglais dont on se moque avec tant de mépris en France. Ce n’est pas très glorieux pour le quotidien national sportif et devrait, si les marchés avaient des logiques vertueuses, aider un concurrent à se faire une place.
Quoi qu’il se soit réellement passé, l’ampleur prise par ces simples « propos de vestiaire » montre qu’une situation explosive existait. Tous les incendiaires savent qu’une étincelle ne met le feu qu’à un terrain prêt à flamber. Ayant contribué à façonner ce terrain, les « journalistes » de l’Equipe étaient les premiers à le savoir. Depuis, les révélations successives des acteurs de ce milieu font apparaître un problème de gouvernance comme on dit aujourd'hui. Avant on aurait dit management, ou direction. Lorsque ces mots n’étaient pas déconsidérés on aurait dit simplement autorité ou pouvoir. Mais comme ces mots font fuir depuis 40 ans, on dit « autorité morale » ou en anglais « soft power »…
Au fond, derrière les changements de personnes ou au mieux les solutions structurelles (mode d’élection des dirigeants des fédérations sportives) qui ne manqueront pas d’intervenir à court terme, je ne suis pas sûr (litote) que le problème de fond sera même évoqué : il y a trop d’argent dans tout cela. Or, autant l’argent donne un prix aux choses et au travail, autant sa démesure produit l’effet inverse. Cette règle vaut pour presque tout ce qui est mesurable.
C’est pourquoi la situation de crise actuelle n’est finalement pas à regretter. Elle va évidemment faire fuir quelques sponsors, baisser les droits télévisés et, de cette façon assez mécanique, ramener un peu de mesure dans cette folie. Jusqu’à la prochaine fois sans doute car hélas les hommes ne changent pas. Même lorsqu’ils les connaissent ils continuent à reproduire leurs erreurs. La situation écologique de la planète en est une autre preuve accablante.
Rédigé par : Dominique Guillerm | 22 juin 2010 à 12:36